Prévenir les lésions auditives au travail : l'expert Jorien De Vos explique comment
La perte d'audition due à une exposition prolongée au bruit figure parmi les cinq maladies professionnelles les plus courantes en Belgique. Une prévention adaptée et une protection auditive fiable pourraient pourtant éviter bien des problèmes, nous dit Jorien De Vos, 'Service Expert Ear & Eye' chez Lyreco. « Les personnes qui travaillent tous les jours en usine, ne se rendent pas toujours compte des risques que cela représente pour leur audition. »
« Pour mieux comprendre les dommages auditifs, commençons par réviser le fonctionnement du système auditif », dit Jorien, qui a travaillé pendant 10 ans comme audiologiste dans un centre auditif. « Le bruit, c’est de l’air en vibration qui entre dans l’oreille par le conduit auditif. Le tympan se met également à vibrer. Ensuite, ces vibrations sont transmises par de tout petits osselets jusqu'à la cochlée dans l'oreille interne. Dans la cochlée se trouvent des 'cellules ciliées'. Chacun de ces 20 000 cils sensoriels est sensible à une certaine fréquence sonore. Ces cellules transforment à leur tour les vibrations en signaux électriques, qui sont transmis au cerveau par le nerf auditif. Le cerveau interprète finalement ces signaux comme des sons : c’est ainsi qu'on reconnaît, entre autres, la musique et les voix. »
Quand le bruit met-il notre ouïe en danger ? « Lorsque les cellules ciliées de l'oreille sont surstimulées ou 'écrasées’ », continue-t-elle. « Suite à une fête ou un concert, ou après avoir travaillé longtemps dans un environnement trop bruyant, les voix ou les sons peuvent parfois sembler étouffés. C'est un symptôme caractéristique d’une surstimulation. La plupart du temps, les cellules ciliées se rétablissent après quelques heures ou quelques jours, et les dommages auditifs sont temporaires. Mais si l'exposition au bruit est trop fréquente ou trop prolongée, elles peuvent se détériorer pour certaines fréquences. À ce stade, les cils ne repoussent plus et l’on parle de dommages auditifs permanents. »

Subir des dommages auditifs sans s’en rendre compte
Une protection auditive s'impose donc. Lors de ses nombreuses visites en entreprise – Jorien en effectue des dizaines chaque année – elle constate les dangers présents dans de nombreux secteurs, ainsi que les risques auxquels sont exposés les collaborateurs de tous âges. « Dans les usines, à l'aéroport, dans le bâtiment... il y a des secteurs où le risque de dommages auditifs est considérable. Personne ne commence sa carrière professionnelle avec une audition parfaite. Une étude de l'université d'Anvers démontre que 18,3 % des élèves souffrent d'acouphènes permanents.
Jorien a constaté que beaucoup de personnes approchant de la retraite, présentent de sérieux problèmes auditifs. « Hormis le fait que l'audition diminue avec l'âge, les personnes exposées à des bruits intenses, perdent le réflexe de se dire : 'C'est trop bruyant, je dois porter une protection auditive'. Autrement dit, nous sommes trop négligents à ce sujet. Mais j'observe cependant un changement de mentalité au-delà des générations. En général, les jeunes gens sont plus conscients des dangers du bruit. Sur les terrains de festival, on voit apparaître de plus en plus souvent des protections auditives au design raffiné. »
Les otoplastiques : tout sauf un luxe superflu
Selon Jorien, la plupart des gens associent encore trop souvent la protection auditive à ces bouchons d'oreille en mousse jaune typiques, distribués sur les terrains des festivals, ou encore, à ces gros casques antibruit, qui étouffent le son et en altèrent l'authenticité. « Dans l'industrie lourde, les gros casques antibruit sont souvent un excellent choix, par exemple pour les ouvriers qui travaillent avec des meuleuses ou d'autre machines bruyantes. Mais la distorsion du son n’est jamais une bonne option quand on veut écouter de la musique ou lorsqu'on travaille dans de conditions où il faut communiquer avec ses collègues. »
Y a-t-il alors une meilleure solution ? Oui, les otoplastiques ! « Ceux-ci contiennent un filtre qui atténue le son sans l’étouffer. Le bruit est atténué jusqu'à un certain niveau, mais les fréquences de la parole passent encore relativement bien et restent bien audibles et compréhensibles. Les otoplastiques protègent l'audition, tout en permettant de communiquer avec les collègues. En plus de cela, on se sent moins isolé du monde extérieur. Cela permet également de dissiper une dernière idée reçue : qu'on entendrait mal ou qu'on ne comprendrait plus les personnes autour de soi lorsqu'on porte des bouchons d'oreille.

Les otoplastiques personnalisées : comment ça fonctionne ?
- Tout commence par une otoscopie : un examen approfondi du conduit auditif et du tympan.
- Ensuite, un tampon de protection est placé à mi-chemin dans le conduit auditif, puis une pâte souple est injectée dans l’oreille afin de réaliser une empreinte de l'oreille.
- À partir de ce moulage, un scan numérique en 3D sera effectué. Celui-ci est envoyé au laboratoire, comme celui du producteur Elacin.
- Au labo, le scan sert à fabriquer l'otoplastique, réalisé en silicone souple ou en acrylate dur.
- Puis sont ajoutés des filtres à atténuation linéaire - dont le niveau en décibels est personnalisable - qui réduisent les sons nocifs de manière agréable.
Vous recevez vos bouchons d'oreille, vérifiez leur ajustement et s'ils sont confortables à porter. Et vous voilà bien protégé !
Identifier tous les paramètres
Selon Jorien, il n'existe pas de 'one size fits all' en ce qui concerne la protection auditive. « Des casques antibruit aux otoplastiques... il est essentiel de commencer par identifier les différents paramètres du lieu de travail. Le niveau de bruit, la durée de l'exposition au bruit, la durée d'utilisation, la température ambiante, le conduit auditif, les besoins de communication... ». « À partir de ces éléments, nous pouvons déterminer le type de protection le plus approprié. Prenons l'exemple de la durée d'utilisation : le port d'un casque antibruit pendant des heures d'affiliée, peut exercer une pression sur la tête et donc devenir douloureux. Ce n'est pas non plus une solution idéale pour les personnes qui transpirent beaucoup. Quant aux bouchons d'oreille à usage unique, ils ont tendance à ne pas bien tenir en place. De plus, ils conviennent peu aux environnements de travail sales ou poussiéreux, où ils doivent être remplacés fréquemment. À ces endroits, les otoplastiques peuvent également constituer une solution, car elles sont faciles à nettoyer.

« Il n’y a plus aucune raison d’être sceptique : le confort de port, l’atténuation et même l’esthétique se sont énormément améliorés. »
Dans certains secteurs, la protection auditive s’impose comme une évidence, car le seuil sonore y est systématiquement dépassé, ce qui en rend le port obligatoire. Mais la protection auditive ne sert pas seulement à prévenir les dommages auditifs. Jorien : « Un bruit continu, même s’il ne dépasse pas le seuil sonore légal — comme un bourdonnement, un ronronnement ou même des bavardages dans les bureaux — peut provoquer du stress, une baisse de concentration et des maux de tête. Pour les bureaux, il existe un type de protection auditive que l'on place à l'entrée du conduit auditif, et qui atténue légèrement le bruit. L'espace dans lequel on se trouve devient moins bruyant, et on peut mieux se concentrer. Cela peut avoir un effet très positif sur l'humeur, le niveau de stress et la productivité, et ce jusqu'à la fin de la journée de travail.

L’avenir de la protection auditive
Dans de nombreux laboratoires spécialisés, des expérimentations sont menées afin d’améliorer l’efficacité des protections auditives. Jorien : « La qualité des filtres ne cesse de s'améliorer. Les labos étudient aussi comment des technologies innovatives, telles que l'atténuation active du bruit et l'amplification ciblée du bruit, déjà intégrées dans les casques antibruit, pourraient être intégrées dans les bouchons d'oreille personnalisés. Elacin, un producteur d'otoplastiques et notre partenaire en la matière, a présenté, après de longues années de recherche en coulisses, un projet pilote innovant, dans lequel un algorithme peut prédire l'évolution du conduit auditif. La prise de mesure physique tous les quatre ans ne sera donc plus nécessaire, cette tâche sera dorénavant effectuée par l'algorithme. Ce type de recherche ne cessera d'évoluer, tout comme la protection auditive ! »
En savoir plus sur la protection auditive

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Une audition pour la vie : mises à jour de réglementation - EN 352:2020
Elles sont rendues obligatoires par la Commission européenne et dès qu’elles sont publiées au journal officiel de l’Union européenne, les fabricants se soumettent généralement à ces normes avant d’introduire des produits de protection auditive sur le marché européen.

